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Moitié gauche: un rond blanc sur une texture bleue. Moitié droite: l’affiche du film. Le rugbyman rentre de face sur le terrain en tenant 2 enfants par les mains

« Histoire d’une baleine blanche »

Le grand Luis Sepúlveda* parle aux enfants

D’un coup de plume, nous voilà plongés dans l’immensité des océans, dans la tête de l’un des plus mystérieux et dissimulés des cétacés : une baleine blanche. Parfois béluga, parfois dauphin blanc, parfois baleine albinos qui apparaît blanche a celui qui la voit, cet animal aussi réel que chimérique n’est pas sans nous rappeler le nom de la célèbre Moby Dick imaginée par Herman Melville. Périlleuse pour les hommes par sa taille, prophétique par sa couleur synonyme de pureté et d’innocence, éclairé par son comportement subtil et tranquillement protecteur, cet animal est l’embarcation parfaite pour monter à bord d’un roman écologiste à destination des 6-12 ans. Les parents braillistes se feront avec joie la voix de leur(s) jeune(s) aventurier(s) … aux écoutes moussaillons !

Il était une fois …

Couverture du livre "Histoire d'une baleine blanche" de Luis Sepúlveda Un jour donc, en voulant se défendre d’une attaque humaine, notre baleine coule un baleinier et l’ensemble de son équipage. Dès lors, une volonté de châtiment naît chez les hommes qui se lancent à corps perdu dans la chasse de cette espèce. Pourquoi ? Par fierté et par vengeance d’abord. Par avidité aussi puisque ce 19ième siècle des baleiniers a recours à l’huile présente dans ses intestins pour la production de parfums ou pour alimenter des lampes qui apporteront la lumière dans la nuit des hommes. À travers ce mammifère, Luis Sepúlveda prend un magnifique contre-pied et échange la perception des événements. L’animal annoncé méchant et dangereux devient traqué. Puis c’est lui qui nous conte l’histoire. C’est son incompréhension face à la cruauté des hommes que l’auteur utilise pour nous attirer dans un miroir de notre humanité imparfaite.

Sans connaitre l’importante renommée de l’auteur ni ses œuvres passées, j’ai ouvert ce livre avec envie et j’y ai découvert une histoire à la croisée entre roman et fable. Adorant les animaux, l’histoire m’a émue. Si « la fiction permet de mieux connaître la réalité » comme le disait lui-même Sepúlveda, celle-ci est émouvante et toujours captivante. Profondément engagé pour la défense de la nature et l’environnement, celui qui a été lui-même dans sa jeunesse mousse à bord d’un baleinier, nous offre par le regard subjectif de cette baleine une belle occasion d’observer l’être humain, ses comportements parfois cupides et cruels, ses automatismes parfois exclusifs et obtus.

Auteur chilien, Luis Sepúlveda* avait l’art de divertir et d’instruire à la fois

Luis Sepulveda les bras croisés, appuyé par l'épaule dans le passage d'une porte.Sous la forme d’un livre à destination des enfants, l’histoire fera écho aux adultes. Les thèmes comme l’écologie, la différence et le respect nourriront les échanges avec les enfants et leur sensibilisation éventuelle à la façon qu’ont les hommes d’appréhender le monde.

Cette transcription (ainsi que celle de « Histoire du chat et de la souris qui devinrent amis », déjà au catalogue) est une belle façon pour le Cteb de rendre hommage à cet incontournable conteur, décédé en avril 2020 des suites du Covid-19, tout en offrant la possibilité à des lecteurs de tous âges de se plonger dans une histoire remplie de sens.

Céline Rkalovic, transcriptrice au CTEB.

Le quatrième de couverture du livre :

Du coquillage ramassé par un enfant sur une plage du sud du monde, s’élève une voix chargée de souvenirs et de sagesse. La voix de la baleine blanche, l’animal mythique qui a, pendant des décennies, protégé les eaux entre la côte et l’île sacrée des Gens de la mer.
Le cachalot couleur de lune, la plus grande créature de l’océan, a connu l’immense solitude et la profondeur des abîmes et s’est fidèlement consacré à la mission que lui a confiée un autre cachalot plus ancien. Une mission mystérieuse et importante, issue du pacte qui lie les baleines aux Gens de la mer: la baleine couleur de lune doit protéger cette partie de la mer des étrangers qui viennent avec leurs bateaux pour s’emparer de tout sans respecter l’ordre de la nature.
Jusqu’à présent, ce sont les baleiniers qui ont raconté l’histoire de la terrible baleine blanche, mais c’est son tour maintenant de parler et sa voix nous arrive du fond des temps comme le langage de la mer. Un texte beau et fort, avec un souffle épique. Du grand Sepúlveda*.

 

Liens et ressources :

*Luis Sepúlveda Calfucura est un écrivain chilien né le 4 octobre 1949 à Ovalle (Chili) et mort le 16 avril 2020 à Oviedo (Espagne). Son premier roman, Le Vieux qui lisait des romans d’amour, traduit en trente-cinq langues et adapté au grand écran en 2001, lui a apporté une renommée internationale. Son œuvre, fortement marquée par l’engagement politique et écologiste ainsi que par la répression des dictatures des années 1970, mêle le goût du voyage et son intérêt pour les peuples premiers.

Plus sur Luis Sepúlveda sur Wikipedia ici

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