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photo: 1 homme de profil face à son bureau avec un casque, un micro, des journaux et un ordi.

La transcription audio : l’information par la voix

Accompagner les déficients visuels dans le confinement : le CTEB s’adapte !

 

Étonnamment, le confinement nous permet d’être créatif et d’expérimenter. Relever des paris dans une situation d’urgence et de distanciation sociale peut être perçu comme un pléonasme. Et c’est ce que s’est plu à faire le CTEB en ajoutant une corde à son arc et en s’initiant à la transcription audio, en réponse à la demande de la mairie d’Avignon pour laquelle nous avons l’habitude de travailler chaque mois à la transcription en braille, l’embossage et l’envoi de leur magazine municipal.

Confinement: l’occasion de monter en compétence.

Ce mois-ci, les dispositifs de lutte contre la pandémie ont paralysé chez nombre de nos clients et rédactions partenaires l’activité des imprimeurs et des distributeurs. Cet arrêt brutal des activités a laissé en suspens la parution du magazine de la ville d’Avignon. Mais l’information, elle, doit pourtant passer. Elle est, en situation d’urgence, ce qu’un pont de ravitaillement est à un front : indispensable à la cohésion, à l’organisation et à la sécurisation.

Chacun de nos sens participe à notre lien au monde et à notre prise d’information. L’oreille, elle, sait détecter bien des subtilités et bien des nuances. Les personnes aveugles l’expérimentent chaque jour. L’audio représente donc une alternative précieuse et pratique au service des mal et non-voyants pour accéder aux œuvres écrites, aux divertissements et à l’information. Un propagateur de « culture pour tous » comme nous aimons à le répéter au CTEB.

Si nous ne pouvons aller au-devant des déficients visuels de la région d’Avignon par la transcription braille classique, nous irons à eux par l’audio ! Le défi est lancé et nous transcrirons le magazine par la voix puisque la version papier ne pouvait exister !

 

Mais la transcription audio, c’est quoi ? De l’audiodescription ?

Non. L’audiodescription correspond aux « sous-titres sonores » et descriptifs d’une œuvre, picturale ou audiovisuelle. Le livre audio, lui, fait appel à l’art de conter et d’interpréter une histoire écrite. À mi-chemin entre le deux se trouve la transcription audio.

À l’heure de l’enregistrement sonore à la maison –le fameux home studio– (utilisé par les Youtubeurs, les musiciens amateurs, les voix-off pour la publicité, les techniques d’ASMR[1], les tutoriels divers, la méditation, l’auto-hypnose, les livres audio et l’audiodescription d’œuvres culturelles… la voix et l’ouïe reviennent sur le devant de la scène sensorielle et constituent de précieux vecteurs d’information grâce à une large gamme de techniques.

Dans le cas de la commande de la Mairie d’Avignon, la transcription audio devra transformer une information écrite, son style et son émotion en une information dictée, structurée et interprétée par la voix, à la manière d’un journaliste de radio ou d’une voix-off.

 

Une affaire de voix !

Faire de la transcription audio, c’est avant tout travailler la voix, mais aussi maîtriser quelques compétences informatiques. Financièrement abordable, le matériel nécessaire à la transcription audio (micro, ordinateur, logiciel d’édition sonore) s’acquiert facilement. Un mini studio d’enregistrement peut être sommaire … mais il a ses exigences ! À l’image de l’adage « pas de bonne photographie sans bonne prise de vue », la qualité de la prise de son au départ est la condition sine qua non à un résultat diffusable et professionnel.

Vous vous en doutez, gérer la qualité d’enregistrement et son uniformité en mode confinement, chez soi et sans lieu attitré est une gageure. Mais aussi un exercice d’adaptation et de création jubilatoire. Entre le « Studio» improvisé et parfois cocasse par le lieu qui l’héberge, les bruits extérieurs inopinés (le merle ravi du confinement des humains, le bricoleur du samedi, l’enfant du premier qui galope sur votre plafond ou la tondeuse du dimanche) et les interventions de vos proches dont vous fuyez soudainement la proximité….la pureté d’un enregistrement sonore est une quête !

Ceux qui chantent ou qui font de la radio comprendront la nécessité préalable de trouver et de « poser sa voix ». Contenue et forgée par notre constitution, nos complexes et nos croyances sur nous-mêmes, la voix parlée est chez la plupart d’entre nous comme la marche : dysfonctionnelle. Sans forcer, alimenté par une respiration libérée et naturelle, poser sa voix est à la fois une technique et une expérience personnelle. Encore faut-il trouver par la suite un équilibre entre vitesse de lecture (pour diminuer le poids des fichiers et éviter des temps d’écoute trop long) et confort de lecture.

Mais le plus subtil reste à accomplir…

La transcription audio n’est ni une récitation monotone, ni une adaptation théâtrale. Il convient de souligner par ses intonations et ses accents toniques les points forts et émotionnels de l’information afin de faire vivre le texte sans pour autant faire passer le narrateur au premier plan.

Numérique, transportable, le fichier audio ainsi créé devient nomade et nous suit sur tous nos appareils, léger et multiformats.

Et puis… la voix plait ou ne plait pas. Elle est personnelle et ne triche pas, elle reste une affaire de sensibilité, de goût. Si on a l’habitude de dire que « les yeux sont le reflet de l’âme », la voix pourrait bien être celui de notre intériorité la plus profonde…

Vous êtes équipés ? préparés ? échauffés ? Vous avez découpé votre texte à lire en autant de parties numérotées que nécessaires pour un montage fluide et rapide via votre logiciel d’édition sonore (comme Audacity, gratuit et Open Source) ? Alors c’est le moment d’y aller ! Découvrez le travail de reporter, de voix-off de dessin animé, de journaliste radio ou de conteur qui sommeille en vous et profitez d’un voyage passionnant dans la vibration et vers votre voix.

 

Pour conclure …

Nous remercions chaleureusement la Mairie d’Avignon de s’être appuyée sur le CTEB et de lui avoir confié la première mission de transcription vocale de son magazine avec ses informations de première nécessité, en ce mois d’avril 2020 si particulier pour nous tous. Nous sommes heureux de mettre à profit notre sens de l’innovation au service des non-voyants et sommes sensibles à la confiance de nos partenaires.

En cette période où l’interaction sociale est comme suspendue par la pandémie, les collectivités locales se doivent d’être présentes auprès de tous les citoyens et de regrouper les initiatives et solidarités du moment. Le rôle du CTEB depuis 30 ans déjà, est de contribuer à rendre possible ces projets d’accessibilité et incluant les personnes déficientes visuelles (1,7 millions de français en 2020[1] ). À l’image de ces nombreux journaux et magazines d’informations locales que le centre transcrit depuis des années pour les grandes métropoles comme pour les municipalités plus modestes, ce confinement nous aura permis de modestement participer à la solidarité demandée. En élargissant son champ de compétences et en s’adaptant sans cesse, le CTEB prend plaisir à développer ses savoir-faire et ses techniques, ses ressources et ses expertises.

Denis Guérin, chargé de communication / responsable journaux

 

Notes / sources :

[1] ASMR (Autonomous Sensory Meridian Response) : une technique récente de stimulus sonores et organiques enregistrés pour favoriser l’endormissement, l’apaisement et la relaxation pour ceux qui y sont réceptifs. À découvrir sur YouTube et sur : https://fr.wikipedia.org/wiki/Autonomous_sensory_meridian_response

[2] Source F.A.F :

https://www.aveuglesdefrance.org/quelques-chiffres-sur-la-deficience-visuelle

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