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Moitié gauche: un rond blanc sur une texture bleue. Moitié droite: l’affiche du film. Le rugbyman rentre de face sur le terrain en tenant 2 enfants par les mains

– interview attentat du Bataclan –

« Il nous reste les mots »

par ses auteurs : Georges Salines et Azdyne Amimour

 

C’est un grand honneur que nous a fait le CTEB en publiant en braille notre livre « Il nous reste les mots ». En l’écrivant, nous avons voulu témoigner qu’un dialogue était possible entre deux hommes qui n’étaient pourtant pas supposés se rencontrer. Nos enfants sont morts au même âge, le même jour et au même endroit, mais dans des positions diamétralement et tragiquement opposées : Lola était venue écouter de la musique et danser au Bataclan, elle est tombée sous les balles des assaillants ; Samy était venu avec ses comparses commettre un massacre, il a été abattu par la police. Et cependant, pourquoi le père de Lola devrait-il haïr celui de Samy ? Les parents doivent-ils être condamnés pour les actes de leurs enfants ? Ce n’est ni ce que nous demande la justice, ni ce que nous dicte la raison.

Nous nous sommes rencontrés, sachant que notre dialogue irait à contre-courant des discours de rejet, d’intolérance, d’exclusion ; à contre-courant de toutes ces attitudes injustes, contre-productives et finalement naïves. Injustes parce que l’immense majorité des musulmans ne se livre à aucun acte délictueux et ne partage pas les idées djihadistes. Contre-productives, car c’est en « mettant tout le monde dans le même sac », en donnant aux musulmans vivant en Europe le sentiment qu’ils ne pourront jamais être acceptés pour ce qu’ils sont qu’on risque de faciliter la tâche des extrémistes en leur fournissant des troupes fraîches. Naïves car il est illusoire de penser qu’on pourrait faire disparaître la menace terroriste en contraignant les musulmans à devenir invisibles ou à retourner « chez eux » (alors que la grande majorité n’ont pas d’autre « chez eux » qu’ici !)

Nous nous sommes parlé, nous avons découvert nos points communs et nos différences, nous avons ensemble cherché la lumière dans l’obscurité. Chercher la lumière dans l’obscurité, c’est probablement ce que font aussi les personnes aveugles ou fortement malvoyantes lorsqu’elles lisent en braille. C’est finalement le sort commun des hommes, et leur force, que de toujours vouloir dépasser leurs limites et leurs incapacités. Nous sommes particulièrement heureux de pouvoir accéder à ce nouveau public grâce au CTEB, et nous l’espérons, de susciter la curiosité, l’intérêt et peut-être la sympathie ou même l’engagement de certains. Toutes les volontés sont bonnes à prendre pour faire reculer la haine.

G.Salines et A.Amimour.

Quatrième de couverture :

Georges Salines a perdu sa fille Lola dans l’attentat du 13 novembre 2015 au Bataclan. Elle avait vingt-huit ans. De sa rencontre avec Azdyne Amimour, père de l’un des assaillants, a émergé un dialogue inédit. Georges Salines porte la mémoire de sa fille et de nombreuses autres victimes, tandis qu’Azdyne Amimour cherche à comprendre comment son fils a pu commettre des actes qu’il condamne sans appel. Poussés par une curiosité mutuelle, tous deux se racontent et déroulent le récit de « leur » 13 Novembre.
Au fil de cette conversation, un profond respect est né entre ces deux pères que tout aurait pourtant dû opposer. Leur témoignage nourrit une réflexion apaisée sur la radicalisation, l’éducation et le deuil. Parce que s’il reste les mots, il reste aussi l’espoir.
« Ce dialogue inattendu avec un homme musulman, tolérant, et pourtant père de djihadiste, représentait une extraordinaire opportunité de montrer qu’il nous était possible de parler. Si un tel échange avait lieu entre nous, alors nous pouvions abattre les murs de méfiance, d’incompréhension, et parfois de haine, qui divisent nos sociétés. » Georges Salines.
« Aujourd’hui, c’est avant tout une histoire de confiance et d’amitié qui nous unit. Nous avons appris à nous apprécier, pour comprendre, ensemble, et prévenir. Nous avons remonté le temps, tissé le fil de nos vies et de celles de nos enfants. Pour qu’une telle horreur ne se répète jamais plus. » Azdyne Amimour.

Le livre en braille intégral ou abrégé ici :

https://www.cteb.fr/librairie/nouveautes/il-nous-reste-les-mots/

 

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