Toulouse :
comment le centre de transcription en braille a fait d’Amélie Nothomb sa première marraine !
Article de Sophie Vigroux pour la Dépêche du Midi du 04/11/2021.
Photo de Michel VIALA, La Dépêche Du Midi.
Le dernier roman d’Amélie Nothomb, « Premier sang », lauréat du Renaudot, a été traduit en braille par une association toulousaine. Touchée, l’écrivain accepte d’en devenir la marraine.
Du culot d’abord puis une grande fierté. Ce sont les émotions qui ont traversé Adeline Coursant, directrice de l’association du Centre de transcription et d’édition en braille (CTEB) et Denis Guérin, chargé de communication, lorsqu’ils ont rencontré Amélie Nothomb.
La romancière était de passage au Cultura de Portet-sur-Garonne, le 13 octobre dernier, pour dédicacer son dernier roman « Premier sang » (ed. Albin Michel), qui vient justement de recevoir le prix Renaudot. Adeline Coursant et Denis Guérin en ont profité pour lui présenter la transcription réalisée par le CTEB. « Elle n’avait jamais vu ses livres en braille et ne savait même pas qu’ils
étaient retranscrits. On voulait lui faire la surprise », raconte la directrice. Visiblement, cela a marché. « Elle a été très touchée. Je la revois, avec sa petite coupe de champagne à la main, regarder ce livre tout blanc », ajoute Adeline. Et Denis Guérin de
poursuivre : « Elle a ouvert l’exemplaire, pour aussitôt remarquer qu’il s’agissait d’un océan vierge, avec du relief. Elle a posé ses deux mains dessus comme le ferait un aveugle, en disant : c’est incroyable que vous ayez transcrit cela ! »
Dans la foulée, Adeline et Denis ont sauté sur l’occasion pour lui demander si elle accepterait « d’être la première marraine » de leur association. « Là, elle s’est reculée et nous a dit : Cela consiste en quoi ? » Les Toulousains lui ont répondu du tac-au-tac : « Simplement parler de nous, dire le travail qu’on fait ». Alors Amélie Nothomb a répondu : « Pas de problème, je suis votre marraine ». L’affaire était conclue et Adeline et Denis, aux anges.
Ce n’est pourtant pas le premier roman d’Amélie Nothomb que le CTEB retranscrit. « Nous en sommes au onzième sur les trente qu’elle a écrit, ce qui n’est pas mal pour un même auteur », note Denis. L’auteur savait que ses romans étaient traduits en audio et pouvaient être lus en version numérique par les aveugles mais elle ignorait qu’il existait des versions papier en braille. Et pour cause le CTEB reste l’unique établissement en France à produire ces ouvrages à la vente.
Cela fait longtemps que l’association toulousaine cherche une personne emblématique pour soutenir sa cause « On souhaiterait faire beaucoup plus de livres pour les aveugles et abaisser le prix à celui des libraires. Le coût de production d’un livre en braille est de 500 €. Il est vendu 120 € aux médiathèques et moitié prix aux particuliers. C’est trois fois le prix d’un livre en librairie », déplore Adeline Coursant. Avec Amélie Nothomb comme marraine, le CTEB espère que la romancière promeuve « l’inclusion par la littérature dans son large réseau, ce que fait le CTEB depuis 30 ans. Cela nous sera très utile. »
Cerise sur le gâteau, dès demain, les prix Renaudot et Goncourt seront disponibles pour les aveugles au même tarif que celui des librairies.
Sophie Vigroux, La Dépêche du Midi.